André Guigot,
Qui pense quoi ? – Inventaire subjectif des grands penseurs contemporains,
Ed. Bayard, mars 2012, 396 pages.
par Olivier Pascault
Depuis ma réception du dernier ouvrage d’André Guigot, je me suis promis de le chroniquer au fur et à mesure de ma lecture.
Chroniquer… Mieux vaut plutôt préciser que je le lis et étudie au gré de mes envies. C’est-à-dire que je lis ces portraits subjectifs selon quelques critères personnels : (a) lire des penseurs que je ne connais pas, peu ou mal ; (b) me reposer en lisant les portraits des penseurs qu’en suggère André que je connais, (c) puis continuer l’aventure qui consiste à découvrir qui l’on n’a pas encore lu.
Simplement, il convient de le signaler une fois de plus, un livre ouvre sur un tiers livre. Un livre ouvre toujours sur des pas, un rythme à la démarche, une respiration dans la marche autant sur le sentier escarpé des monts que la promenade dominicale dans des bois plats après un repas.
Plus encore, un livre offre la gestation de tout autre chose. Un livre appelle un autre livre, un texte, une sensation, une analyse. Un livre génère d’insoupçonnés horizons. Plus qu’un objet (la couverture, l’odeur du papier et sa texture sont bien entendu importants), le livre nous extirpe de nous-mêmes, nous permet la rencontre de personnages, de régions déjà connues et contrées inexplorées.
En soi, un livre est universel quand pour soi il est univers. Un univers, certes. Univers multiple, le livre développe un sens et nous en devenons l’ami dès lors qu’il nous plaît, nous entraîne, nous redonne la parole en tant que lecteur. De surcroît, il nous enveloppe de questions en tant que liseur, nous détache du bien particulier en tant que critique. André Guigot parvient, une nouvelle fois, à nous emporter, à inventer, à s’éventer dans des portraits en s’inventant tel qu’il est liseur des penseurs qu’il propose à ses lecteurs.
L’art et le brio consommés du philosophe Guigot rejoignent sa motivation vieille comme ses années de lycées en Bretagne : enrichir sa propre liberté, partant de la responsabilité authentique de se mouvoir si l’altérité se libère elle-même. Avec lui, en lui ou hors de lui. Qu’importe le mouvement, qu’importe la fiole, l’exégète de Sartre qu’est André Guigot sait s’épanouir ailleurs et dépasser l’auteur des Cahiers pour une morale. Et là réside le mérite du gaillard. S’imprégner de ses lectures, les restituer, les analyser puis les expulser pour se rendre maître de soi-même, n’est-ce pas l’égrégore de l’homme pensant. Dans l’effort, que dis-je, par l’effort régulier.
Pas mal pour un marcheur, Monsieur Guigot…
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Je me suis promis de ne pas écrire un texte « définitif » sur ce Qui pense quoi ? d’André. Ecrire un texte « définitif » est toujours la gageure infernale d’une forme d’immodestie chez le critique qui aboutit bien souvent à conserver de nombreux textes sur le disque dur de son ordinateur, ou des écrits et ratures sur ses cahiers au final inexploités. Et j’en suis. Je sais de quoi je parle en bon jardinier quand je ramasse mes récoltes, les étiquette, les passe en stérilisation pour mes conserves d’hiver.
Alors, c’est décidé, je vais me lancer dans l’écriture d’une chronique par sursauts, au fur et à mesure de mes lectures de Qui pense quoi ?
Ici, même. Sur L’Atelier du Serpent Vert.
Je prends soin de relever le pari qu’énonce André dans son plaidoyer pour une recherche libre et libérée de notre propre coercition intime, moulée qu’elle fut sans doute dans l’ordre du respect trop ténu pour les matières scripturaires de l’intellect en acte. Autrement dit, tout liseur né en milieu modeste place toujours trop haut le livre, le sacralise quasiment en fétiche, se ressentant quelquefois tel un intrus parmi la gente distinguée de la philosophie académique pourtant ruminante à bien des égards (nous viendrons dans une chronique suivante sur ce point que développe notre auteur, de manière sous-jacente, sur les coteries professionnelles du métier). Pour l’heure, encerclons la citadelle et portons le regard vers la cible.
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André GUIGOT |
André Guigot est un ami. Je ne saurais le cacher, bien au contraire.
Certes, il est un ami que j’ai plus lu que rencontré physiquement, notamment au mariage de mon complice Jean-Yves (son petit frère) ou à la suite de ses visites parisiennes et quelquefois par des conversations téléphoniques. Depuis le commencement de la revue L’Authenticiste, dans les années quatre-vingt-dix, André sous la direction de Jean-Yves aux manettes de ladite revue, n’a jamais abaissé l’exigence de profondeur et sérieux de ses travaux, dans le sens de la recherche initiale et continuée des frères Guigot : la pensée authentique marie exigence, révélation, résistance et partage.
Lui, André, en philosophe et essayiste, et Jean-Yves en poète et romancier.
Comme quoi, la fraternité entre ces deux-là a nourri les rêves et travaux depuis leurs rivalités d’enfants, jusqu’au dépoussiérage ultime des années matures.
Pour les coups de l’enfance, les petites baffes des jeux du cow-boy contre l’indien, le coup mérite la chandelle de s’intéresser sérieusement à cette fratrie Guigot… et je n’oublie pas l’autre frangin boulanger qui fait venir à son fournil plus que les villages voisins du Finistère. Car le pain est, par excellence, le brouet joyeux de la pitance serrée dans le tamis de l’espérance en la conception d’une œuvre.
Œuvre au blanc, œuvre au noir, la philosophie situe la poésie, et inversement. Nous ne sortirons jamais de ce truisme pourtant fondamentalement vrai : l’écrivain, le poète et le philosophe partagent avec le boulanger la formule de vie. A condition de le décider. A condition d’en sculpter la volition ultime. Sans esprit de sérieux… notez, sans cet esprit de cour et de sérieux qui sied si bellement aux chihuahuas d’attaques dressés dans les quartiers des belles personnes et dont les universités taillées dans la pierre de Bagneaux-sur-Loing rassemblent quelques propriétaires jaloux de leurs prérogatives sur leurs élèves et disciples qu’ils voudraient voir devenir de blancs bichons crinolés.
C’est ainsi, la philosophie comme la pensée et le penser n’occupent plus les magistères initialement réservés à leur dispense publique.
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Ce jeu sur la fratrie paraîtra peut-être dérisoire à qui le verra pour tel. Nonobstant, il n’est jamais étranger au sens que prend l’existence qu’une responsabilité idoine de la fraternisation que nous entreprenons s’ébauche avec et contre soi, avec et contre l’autre et ce cheminement en et dans la pensée. Car penser, c’est être et devoir être avec tout ce que cette exigence suppose de morale, de responsabilité, de sanction et devenir authentique. A savoir ce que progresser veut dire : marcher sur tel ou tel sentier, dans tel quartier ou telle rue, faire tournoyer la méthode en fonction des besoins de ce qu’on lit-étudie ainsi que le pas adapté au parcours choisi avec la respiration fonctionnellement précise à l’effort.
Nous reviendrons, avec André Guigot, sur ce que le penser signifie et sur ce qu’est la pensée. Car il en définit consciencieusement les arcanes et le terme en sept points précis, singulièrement dans l’introduction de son livre et quelques-uns des premiers portraits que je viens de butiner.
Penser n’est pas nécessairement faire acte du penser. Penser n’est pas non plus une production de pensées. Or, la pensée fonde le penser qui se joue d’elle en s’attachant à la progression, l’instruction et la méthode conjointement mêlés. Pour l’exprimer d’une autre manière, la pensée reconnue comme telle, dans le cercle du penser, est conditionnée par une vertu dédaignée dans l’instruction : la liberté.
Or, la liberté est un point d’ordre. Elle est l’organon méthodique de la pierre brute devenant pierre polie. Le vent n’y suffit pas. En effet, la progression repose sur la compréhension d’un fait, durable ou éphémère, qui n’est jamais un fait négligeable dans la connaissance de soi, d’elle-même en autoréflexion et surtout dans la reconnaissance de tous les outils indispensables : lire, écrire, compter. Etayons notre propos.
Le philosophe devenu psychanalyste J.-B. Pontalis, qui fut un élève de Sartre lors de sa très courte période de professeur de philosophie au Havre, se souvient-il de ce que le maître à bésicles faisait copier dans son cours sur la morale en 1941 : « Le jugement de fait porte sur ce qui est, le jugement de valeur porte sur ce qui doit être ». Cette donne kantienne au fondement de la métaphysique criticiste du philosophe amoureux des Lumières françaises, Immanuel Kant, retrouve l’histoire. En 1941, la France est vaincue. Elle est envahie de l’extérieur par les Allemands, et en même temps envahie de l’intérieur par la morbidité politique du pétainisme dont les fondements s’imposèrent dans le brassage idéologique de l’après traité de Versailles signé en juin 1919. C’est un fait. Un fait brut de politique historique. En face, le jugement de valeur porte quant à lui sur ce qui doit être et enseigne ce que nul ne doit, ce que nul ne peut ignorer : poser un genou à terre devant ce fait est un crime de lèse-pensée.
Appel à la liberté autant qu’appel à résister, lire, écrire, compter et penser, pour aller dans le sens d’André Guigot, restera toujours la vertu cardinale de qui entend livrer l’entame d’un chemin, pour un inventaire subjectif des penseurs contemporains qui servent le penser, qui donnent à penser avec ou contre eux. Ceux qui réduisent la pesanteur du « monde servile de la consommation ».
Faire un bout de chemin avec eux, voilà qui est bien. Voilà qui revient à ne pas partir seul en randonnée sans sac et gourde sous l’orage qui gronde en ces temps d’avant-guerre qui caractérise notre seconde décennie des années 2000.
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Virtu du tireur-liseur : la cible à l'oeil |
Mais qui ? Avec qui ? Qui sont les accompagnateurs qu’André Guigot nous offre en partage ?
J’y reviendrai au moment opportun.
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Revenons à l’idée concrète d’amitié.
J’ai appelé l’amitié parce que passer du temps avec un auteur, quel qu’il soit surtout si l’on rêve en tant qu’acte, s’instruit ou analyse, se détend ou s’informe, c’est faire un bout de chemin avec lui. Et rêver l’amitié est le rêve de l’amitié en actes concrets.
Car l’auteur, toujours lui, nous tient la main quand en retour nous lui caressons la page.
Ne négligeons jamais le rêve dans le sursaut de liberté-résistance contre l’oppression du temps sans pensées visibles, sinon celles qui triomphent au fronton des batailles électorales et politiques.
Avec André Guigot, penser libère à seule fin de conquérir pas à pas notre liberté essentielle. J’allais écrire « essentialiste ». D’essence de la liberté, je le mentionnais, il y a la résistance au sillon du fait qui voudrait nous voir creuser une « réalité » criarde.
Un livre nous ouvre dès lors sur la liberté, sans prétendre in vitro nous faire pencher dans le seul fait pour commencer. En va-t-il du rêve généré ou de la capacité de rêver ?
Entendons-nous bien, cette geste ne relève certainement pas du même mouvement.
La capacité de rêver était la priorité du psychanalyste anglais Winnicott, quand Freud portait ses études sur le rêve lui-même. Reste que la capacité de rêver n’est en rien la vue productiviste du rêve dont nous n’avons que faire, mais recouvre la liberté incontestable, la liberté en elle-même, la liberté de rêver sans nous arrimer à la réalité. Par nos rêves, nous sommes en capacité de transformer la réalité, capable de transformer le fait de la réalité (la factualité).
Or, il n’est pas anodin que la stratégie de la domination des sbires du capitalisme est de tendre à nous interdire de rêver. Gaston Bachelard nous instruisait déjà de cela il y a cinquante ans et invitait tout à chacun voulant vivre librement à lutter et user de son « droit de rêver ».
La société policée nous veut aujourd’hui bien plus soumis qu’hier, soumis à une factualité politique et économique capitaliste que l’on nous présente comme indépassable. Quitte à nous dicter une quasi-mobilisation générale en faveur de l’acceptation, de la « fin de l’histoire », de la « réalité des chiffres » de la croissance, du PIB ou des courbes du chômage en Europe continentale.
Qu’est-ce qui est indépassable ?
Certes, le sprint sur cent mètres en moins de six secondes semble impossible à réaliser.
En matière économique et politique, le possible d’une transformation organique et structurelle de régime existe à condition de l’œuvre collective de la démocratie dans une société qui serait authentiquement libérale. Ita est dans son sens politique et juridique.
On nous rétorque, dans un beau leitmotiv de caniche : « On ne peut pas faire autrement ».
C’est faire peu de cas de la volonté, de cet ordonnancement naturel généré par la capacité de rêver, de la rêver comme volonté proprement insufflée en prenant pied avec la réalité, au besoin par le recours à des penseurs tournés vers l’émancipation et une analyse concrète fondées dans les études préalables. Ce qui compte alors, pour le choix notre penseur utile, tient lieu dans sa pertinence à faire muter la capacité de rêver en capacité d’agir (la volition).
Justement, le Qui pense quoi ? d’André Guigot et les auteurs qu’il nous propose de lire, en se gardant de les présenter comme étant les seuls, participe hautement à ce train de déambulation salutaire à la vie : les penseurs sont des guides et non pas des chiens pour aveugles ; ou ne devraient pas le devenir en se transformant en petits maîtres nous faisant advenir canidés.
Les penseurs doivent servir. Nous achetons ou empruntons leurs livres, servons-nous donc d’eux comme nous nous servons d’un bon coutelas pour découper les plis postaux, les vieilles pages des livres anciens, le saucisson et les fougères qui barreraient notre sentier.
Sachons nous servir, en toute liberté, de ces penseurs pour aller voir ailleurs, pour embrasser d’autres pensées, pour développer les nôtres, sachant que penser n’est pas le seul apanage des philosophes, mais aussi d’écrivains, de poètes, d’historiens, d’anthropologues, de juristes, etc. Ceux, précisément, qui prêchent la méthode, le court-circuitage des chemins balisés par des portraits déifiés, puis l’ouverture au monde de la pensée libérée, libre et féconde pour re-naître en résistance à la naturalité de l’apathie humaine.
L’honneur des penseurs, scandons-le ainsi et sans vergogne, allie humilité et humanité, recherche libre et travail authentique de clairvoyances, anticipations et bienfaits pour l’homme. L’honneur n’habite jamais le lieu d’animation des coteries où l’on professe ex cathedra en prenant les élèves pour des cornus stupidement aliénés par la note à obtenir en fin de semestre.
La vertu d’André Guigot est de nous répéter qu’il n’est pas indispensable de prendre nécessairement des références communes, qu’il n’est pas recommandé de fonder une armée de penseurs à lire impérativement en omettant les autres. Avec le naturel de l’évidence du bon sens, il nous dit qu’il s’agit toujours de choix et sélections subjectifs, et que l’on ne saurait vouloir perdre du temps en lisant inutilement ce à quoi notre liberté de liseur ne nous a pas conviée.
Prosaïquement dit, si un livre ou son auteur m’ennuie, je le mets de côté, le reprendrai plus tard. Ou jamais. Car l’existence est courte. Je peux mourir demain et, face aux bibliothèques, la modestie n’est pas de vouloir tout embrasser.
Ne nous révèle-t-on pas bien souvent, dans les cours, conférences et salons qu’untel doit être lu sous peine d’ignorance crasse à ne pas le faire. Aïe, quels sentiments fugaces de défiance en soi et de honte curieuse apparaissent soudain devant le cador prononçant l’invective !
Ce sentiment nous a tous un jour parcouru l’échine.
Nous eûmes pu céder à notre tour à ce chantage affectif à vouloir imiter ces cadors.
Eh bien, André Guigot nous donne la clef d’une libération à la stricte obédience de la liberté de lire ou ne pas lire untel, du moment que bien lire, avec méthode, nous entraîne au penser du monde et de soi. Il le note avec justesse : qui a enterré un ami, un enfant ou un parent sait que le temps est compté et qu’il n’est plus question après le deuil de le perdre. Le livre, le choix du penseur dominent notre quête de survie dans la pérégrination pédestre, créatrice, intellectuelle et culturelle.
Ceci étant traité, il existe des conditions à la marche. L’équipement rudimentaire composé de bonnes chaussures à semelle Vibram, un bâton, un sac confortable et une carte est aussi suffisant que les vieux maîtres qui forgent la pensée, les arcanes du vouloir penser. Ces penseurs sont ceux qui permirent la passe de trois entre la remise universelle de définitions conceptuelles, d’une heuristique et d’un savoir historico-philosophique pour se sentir à l’aise sur n’importe quelle voie du monde.
Personnellement, je placerais Aristote, Platon, Montaigne, Goethe, Hegel, Marx, Nietzsche, Lukacs, Bakhtine, Simmel, Castoriadis et Jaccard à mon Panthéon subjectif. J’ajouterais les Camus, Daumal, Zola, Maupassant, de Roux et Bernanos. Les frères Guigot partagent ces hommes-balises.
Question de choix ? Non, ce sont ceux que je fréquente le mieux. Pour le coup, il me manque Sartre et quelques-uns de ceux qu’André portraiture à loisir. Je remarque en passant qu’aux côtés de Sartre, Heidegger, Nietzsche et Kant, l’ami Guigot est entouré de vivants. Etrangement, je fais partie de ceux dont les morts sont plus nombreux. Jean-Yves, le petit frère d’André, me le rappelait un soir. Non pas que je délaisse les vivants, mais pour moi qui ai suivi les séminaires de Castoriadis, un Lukacs, un Franquin, un Uderzo ou un Maupassant savent vibrer en moi tels les bons vivants à se diluer dans mes tripes et neurones de viveur.
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Vivant parmi les vivants (tiens, compère lecteur alangui qui a poursuivi jusque-là mon premier bout d’essai sur le dernier Guigot), il est temps pour moi de mentionner la présence d’André dans ma bibliothèque parmi d’autres, dont la pudeur, ou plutôt l’exercice de cette chronique; m’interdit pour l’heure d’évoquer. Il n’est pas le seul. Mais il est de ceux dont on pourrait scander en chanson populaire, « Il est des nôtres, il est formidable ».
D’autant plus si l’on reste fidèle à le suivre en lisant la plupart de ses livres, articles, ses essais et études, depuis Sartre et l’existentialisme (Essential Milan, 2000), Marx face à l’histoire (ibidem, 2002), Sartre, liberté et histoire (Vrin, 2007 – lire l’utile compte-rendu d’Alexis Filipucci : http://www.ges-sartre.fr/pdf/cr-guigot.pdf), Le Sens de la responsabilité (L’Harmattan, 2009) et le très utile et pragmatique La sagesse des jours (Milan, 2006). Plus quelques autres.
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Pour ces temps-ci, ce sera donc Qui pense quoi ?
Le printemps commence sous les meilleurs auspices climatiques.
Un petit vent d’Ouest, en somme, du côté de Fontenay-le-Comte et sa Miss Boudin blanc annuelle, ce personnage régalien et récurrent du livre, au même titre que la tristesse miséricordieuse d’une salle des profs où l’antalgie surpasse, hélas !, le frisson.
Livre de chevet, d’avant sieste ou d’avant nuit, pas forcément. Qui pense quoi ? devient une lecture parcimonieuse au gré du simple bonheur de lecture.
J’ai ainsi décidé de commettre quelques petits textes sur ce Guigot-là. Pourquoi ? Parce que j’en ai simplement le désir. Sans me triturer la plume ou le clavier à devoir absolument fournir une étude critique fouillée ou, à défaut, plus légère. Le poids de la soif n’est pas la pesanteur. Le désir inspire. Il permet de corriger, biffer ou améliorer. Ecrire, quoi ! L’essentiel du travail intellectuel devrait toujours ravir et libérer les avancées et reculs, parler taille de la plume et froissement des pages, pages encornées et positions du liseur létal.
Ravir sert à se faire plaisir dans et pour le travail.
Ravir, c’est encore passer le relais, donner à lire ou donner l’envie de découvrir ce que moi j’ai l’habitude de fréquenter et ne désirant pas le conserver jalousement pour moi.
Ravir, enfin, c’est aussi généreusement remercier André Guigot d’accompagner quelques réflexions, méditations et travaux personnels depuis des années.
Par quels moyens ? Le proposer à d’autres lecteurs. Le proposer à L’Atelier du Serpent Vert afin que, par les hasards de la toile (the web), certains volontaires croiseront André sur les moteurs de recherche.
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A. Guigot en travail |
Avant de poursuivre la présente chronique, il est temps de situer in extenso le contenu de Qui pense quoi ? – Inventaire subjectif des grands penseurs contemporains. Dans ce dessein, rien de mieux que de livrer le sommaire de l’essai.
- Introduction : Qui pense ?
- Emmanuel Jaffelin
- Björn Larsson
- Judith Buttler
- Elisabeth Badinter
- Ruwen Ogien
- Luc Ferry
- Alain Finkielkraut
- Michel Onfray
- Bruce Albert, Davi Kopenawa
- Stéphane Ferret
- Kathleen Dean Moore
- Philippe Descola
- Les penseurs venus d’ailleurs.
- Satish Kumar
- François Chenet, Michel Hulin, Lakshmi Kapani
- Les nouveaux métaphysiciens.
- Henri Atlan, Ilya Prigogine
- David Armstrong, Emmanuelle Garcia, David K. Lewis, Frederic Nef
- Michel Bitbol
- David Chalmers, Hilary Putman
- Albert Jacquard
- Jean-Marie Pelt
- Giorgio Agamben
- Ian Morris
- Jacques Rancière
- Joseph E. Stiglitz
- Emmanuel Todd
- Guayatri Spivak
- Ernesto Laclau, Henri Guénoun
- Jacques Généreux
- Les penseurs de l’animalité.
- Joëlle Proust
- Jocelyne Porcher
- Elisabeth de Fontenay
- André Stanguennec
- Edgar Morin
- Peter Sloterdijk
- Alain Badiou
- Les penseurs du Cercle herméneutique.
- Georges Charbonneau, Jérôme Porée, Jean Luc Almaric, Jean-Marie Legrand, Herbert Holl, Franca Madioni,Donatella Di Cesare, Bruno Verrecchia, Christian Berner, Dominique Pringuey, Jean-Claude Gens, Philippe Cabestan, Salvatore Giammusso
- Philippe Beck
- Avital Ronell
- Conclusion : Chacun sa route…
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A lire ce sommaire, il paraît évident qu’une lecture continue ne s’impose pas. Comme Le dictionnaire philosophique de Voltaire (1764), au lecteur est laissé le loisir de se pencher sur un article sans ordre prédéfini. Là encore, André Guigot nous conte l’histoire de ce qui va de soi à chacun, la liberté recouvrée. Patience & à suivre…
Olivier Pascault