samedi 28 mai 2011

Poaime / hommage à GEORGES BERNANOS

Dérivation diurne




                              apostrophe à G. Bernanos au Brésil




["dérivation", exercice naturel pratiqué naguère par les situationnistes. Ici où là, ils marchaient sans but dans les villes & territoires, pérégrinaient selon des circonstances s'imposant d'elles-mêmes. Les situationnistes n'ont été et ne seront jamais des gens sérieux. Il est tout de même recommandé de ne pas lire Guy-E. Debord & son ridicule manuel La Société du spectacle non sans avoir au préalable lu Histoire et conscience de classe de György Lukács, le premier ayant mal digéré le second. Il en va ainsi des imitateurs. Conseil averti : épargnez-vous les intoxications. Dire cela n'a d'autre intérêt... que de le dire en passant. Et pof !]


Voir

Voir Dieu sous le soleil bernanosien
Soleil des cendres
Des couchants de l'histoire
&
Volonté de déchoir & grandir sur la butte de l'intime inclinaison d'absolu
Renversement des plaisirs & inversement des heures chaudes
&
Voir
Voir Marie dans les langes de la souche de la contention
Affolement des mésanges devant l'annonce
Rédemption comminatoire des présages
&
Exagération des plis & transparence des feux dans la crèche
Le boeuf sert la vache sert l'âne sert la biche l'absente
&
Croire
Croire Dieu omniscient dans la saveur du réconfort
Déposer sa force tellurique sous le soleil de Satan
En toute dernière instance la santé : ainsi la lutte

                            &

Le bout de la chandelle illumine la table.
Faiblement.
Le pain sur l'assiette, le beurre sur le pain...
ce sont les deux ingrédients de l'écrivain malade & appauvri qui n'en finit pas de composer son oeuvre.
Une pièce vide.
Non, une table, une chaise, de quoi écrire.
Un homme, surtout.
Une pipe aussi. Un feu.
En somme, des trésors.

Misère au Brésil.
Stéfan Zweig & son épouse, lui rendant visite une dernière fois, ont choisi le refuge du suicide le lendemain.
Atteints, ils l'étaient au plus profond de leur âme unie dans ce que fit le peuple allemand au monde.

1942. Misère au Brésil. Epouvante des haciendas dépouillées.

La plume sur la table est la géométrie de la queste.
Faible force du résistant, l'homme des Grands cimetières sous la lune effiloche les phrases, démembre les soupçons, exfiltre les tendances bourgeoises & bigoteries dans toute la scansion des "modernes", ces faux apôtres onctueux : les écrivains catholiques se prennent pour des écrivains grandioses... la monade n'en finit plus de tisser ses orgies. Le doute devient la vérité du croyant.
Il écrira pour l'éternel atermoiement des pieux inversés & la foi rédemptrice & la foi pour / en l'homme.
La seule qui vaille. Ses thuriféraires ne le voient pas.

Angle détroussé,
flèche zigzagante,
Georges Bernanos, vous restez capitaine.

                            &

Mourir n'est pas autre chose que renaître au repos de Marie
Croire est virtu & croire est dépense & énergie recouvrée pour aimer
Aimer l'humanité aimer le monde aimer les créatures Aimer
&
Sourire des fins de toute éternité rompue
Pain d'amour & de combat

Et cum spiritu tuo


 [poaime publié sous le nom DM, le vendredi 23.I.04, paru dans "Place aux Sens", 2005]



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