mercredi 19 décembre 2012

Un écrivain invité : Olivier Hobé.



 [J'aime beaucoup Olivier Hobé depuis des années. En réalité depuis les années L'Authenticiste où les frères Guigot, avec Le Digol, faisaient paraître de quoi extasier les lettrés du pays France.


Olivier Hobé suit, paisible, une lente montée vers le Mont Analogue si chère à certains auteurs qui ne parviendront jamais à la hauteur du chalet de la vallée.

Lui, Hobé, oui. 
Discret, il publie régulièrement de lumineuses perles littéraires, à mi-chemin entre littérature & poésie.
Il faut écouter lire les textes d'Olivier Hobé pour se l'approprier. Son dernier récit-journal, car notre écrivain ici invité est aussi diariste, est Le Journal d'un haricot qui conte les souffrances de l'enfant devant suivre de risqués soins. Il s'agit d'un livre édité aux Editions Apogée, Rennes, 2011.
Je ne doute pas que, d'ici peu, un second extrait inédit d'une prochaine publication sera présente dans les lignes de L'Atelier du Serpent Vert. - O.P.].



15.VIII.11, Kerla.

Dévoré à petites dents ciselées le « Fou de Marie » (*) de Pierre Tanguy. Je n'avais pour ainsi dire lu qu'un seul haïku de cet auteur mais ce personnage qui retourne en son chêne le plus souvent qu'il le peut et «épouse les rêves des hommes», ses mots qui viennent à ses lèvres comme des petites bêtes, ça me botte. Un fou de plus dans nos campagnes, le bien est fou, le mal est fou, la vierge : folle.

50000 jeunes de France foncent aux JMJ à Madrid, 11% très exactement de la totalité des nigauds attendus. Combien vont tomber dans le péché de chair, lors de ce festival de chants et de transes où se trémoussent des escouades de poitrines offertes à la lance, se lèvent des bataillons d'idées hautement postérieures, s’incrustent des membres gonflés à bloc par la secte ? Impossible à dire, disons qu'il y en aura bien une partie.

C'est pas très bon pour moi, je me radicalise question curée, peut-être parce que j'attends d'être enfin seul à m’absoudre. La nature mirobolante s'étend bien plus vite que les liserons qui fleurissent, ici où là, et que je ne peux arracher de moi ; en réalité ce que j’arrache est ce que j'écris là, indécrottable ver luisant des fraudes à la liberté d’écrire.

 
« Je ne sais pas si les machines à laver sont ouvertes la nuit » dit-elle ; on se tire la langue comme on écrit un poème, comme on enferme un songe ou on dilapide une soirée d'été.

S’invaginent alors un pont à la dérive, un arc de pierre sans une flèche pour étendre le linge, un rêve qui a déteint partout, des machines ouvertes, bourrées à l'eau de Javel.

Toujours hurlant dans un tambour vide à côté, je te salue, lavé de mes péchés, fripé, dégouliné,  avec ces vers de mon tonneau.



(*) Pierre Tanguy, Fou de Marie, Ed. La Part commune, 2009.



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